Douglas Gorsline

Douglas Gorsline : un peintre au croisement du réalisme et de la modernité

Né en 1913 à Rochester dans le comté de New York, Douglas Warner Gorsline est un peintre, illustrateur et journaliste américain. Après des études artistiques à l’Université de Yale, il rejoint The Arts Student League de New York où il rencontre sa première épouse, Elizabeth Perkins, fille de l’éditeur Maxwell Evarts Perkins, qui est également son modèle. 

Les années 30 sont marquées par le style « scène de genre urbaine », initié par des peintres tels que Kenneth Hayes Miller (1876-1952), dont l’influence se retrouve dans les œuvres de jeunesse de Gorsline telles que Bar Scene (1942) ou The Morning Commute (1942-46). Elu à la National Academy of Design de New York en 1943 (membre associé puis académicien en 1947), il y enseigne jusqu’en 1963. 

Il obtient une reconnaissance rapide du public en remportant plusieurs prix d’art et ses toiles rejoignent les collections de musées tels que le Memorial Art Gallery de Rochester ou le Ackland Art Museum de Caroline du Nord. 

Ses talents d’illustrateur sont également reconnus, notamment ses dessins pour Look Homeward, Angel de l’écrivain américain Thomas Wolfe (1900-1938), The Night Before Christmas de Clement Clarke Moore ou encore What People Wore, traitant des costumes et parures à travers les âges et qui fait encore autorité à l’heure actuelle.

Il travaille également pour le journal Sports Illustrated auquel il contribue par des illustrations et articles ; c’est ce même journal qui l’envoie en France en 1963, à Semur-en-Auxois en Bourgogne, pour couvrir les fêtes médiévales de la Bague. Tombé amoureux de la région, il s’installe alors à Bussy-le-Grand avec sa nouvelle compagne, Marie Carson.

Il continue de peindre, tournant le dos au réalisme américain pour se rapprocher du cubisme de Duchamp et de la déconstruction de l’image des futuristes italiens, admirant la chronophotographie d’Etienne-Jules Marey et d’Eadweard Muybridge, qu’il intègre dans le fractionnement de ses œuvres, sans pour autant basculer dans l’abstraction. Cette combinaison de styles fait place à une œuvre où les contours restent reconnaissables mais apparaissent éclatés, révélant plusieurs facettes à la fois, comme perçues à travers un prisme ou un miroir brisé, tout en conservant leur spontanéité et en fragmentant la scène qui se déroule.

Il expose régulièrement aux Etats-Unis et en Europe.

En 1973, il devient le premier artiste américain à être officiellement invité par le gouvernement chinois à venir visiter le pays depuis la Révolution Culturelle de Mao. Il en rapporte des portraits des dirigeants de l’époque ainsi que de nombreux croquis documentant la vie dans les campagnes.

De retour en France, cet « artiste de Dijon », comme il s’identifie lui-même, participe à Dijon vu par en 1979, exposition où il propose sa vision « kaléidoscopée » de la cité des Ducs et qui marque le début d’une manifestation culturelle locale qui se perpétue encore chaque année, invitant artistes, architectes et jeunes créateurs à exprimer, par l’utilisation de différents médias, leurs regards sur la capitale bourguignonne.

Disparu en 1985, son héritage perdure à travers le musée qui lui est consacré à Bussy-le-Grand ; inauguré par son épouse Marie en 1994, il perpétue la mémoire de Douglas Gorsline à travers ses œuvres qui s’offrent aux regards des publics.

Un style unique : entre tradition et innovation

Gorsline est connu pour ses œuvres qui marient des influences classiques, issues du réalisme américain, et des techniques modernes, avec une sensibilité particulière pour la temporalité et le dynamisme. Il a également excellé dans l’illustration, collaborant avec des éditeurs de renom pour donner vie à des œuvres littéraires.

Son travail est profondément marqué par une maîtrise technique remarquable et un intérêt pour les scènes de la vie quotidienne, les portraits, et les compositions narratives. À travers ses peintures, ses dessins et ses illustrations, il explore des thèmes universels tout en expérimentant des approches novatrices, comme la décomposition du mouvement, qui rappelle le travail des futuristes.

Un héritage artistique préservé en Bourgogne

Installé en France dans les années 1960, Douglas Gorsline a trouvé en Bourgogne une source d’inspiration inépuisable. C’est là qu’il a poursuivi son exploration artistique jusqu’à la fin de sa vie. Aujourd’hui, son œuvre est mise en lumière par le Musée Gorsline, situé à Bussy-le-Grand, où une riche collection de ses travaux est exposée.

L’œuvre de Gorsline continue de fasciner par sa capacité à capturer l’essence du mouvement, des émotions et de la vie elle-même, tout en invitant le spectateur à s’interroger sur le rapport entre tradition et modernité.